En tant que propriétaire de chat, vous avez sûrement déjà entendu parler de la «PIF ». Derrière cet acronyme se cache une redoutable maladie, la péritonite infectieuse féline, responsable de nombreux cas de mortalité chez le chat. Cette affection suscite énormément de questions au sujet de sa prévention, son diagnostic ou son traitement. Voici quelques explications pour tenter d’y voir plus clair.


A quoi est due la péritonite infectieuse féline ?


La péritonite infectieuse féline, souvent abrégée par le terme « PIF », est une maladie très complexe due à un virus appartenant à la grande famille des coronavirus (FCoV). 

Les chats sont fréquemment porteurs d’un coronavirus au niveau intestinal (FECV), peu dangereux mais très contagieux. Ce virus passe inaperçu chez la plupart des chats adultes et ne provoque que rarement de la diarrhée, particulièrement chez les chatons. Seulement, une fois dans l’organisme, il est capable de muter chez certains individus et devient alors pathogène (FIPV). Cette mutation à l’origine de la PIF se produit chez environ 10% des chats porteurs du coronavirus intestinal.

Bien qu’il appartienne à la même famille que certains coronavirus connus (comme le SARS-COV2, responsable de la Covid-19), soyez rassurés car ce virus est propre au chat et n’est pas transmissible aux êtres humains.


Comment se transmet la PIF ?


Les chats porteurs du coronavirus intestinal l’excrètent pendant plusieurs semaines, principalement dans leurs selles. Ce virus résiste jusqu’à 7 semaines dans le milieu extérieur et les chats l’ingèrent accidentellement en partageant les litières, les gamelles ou en se toilettant. Dans un élevage où le virus circule, les chatons s’infectent très jeunes, vers 6-7 semaines, dès que les anticorps transmis par leur mère diminuent et cessent de les protéger. Il est donc fréquent que tous les chats d’une même collectivité soient porteurs.

Ce mode de transmission ne concerne que le virus sous sa forme intestinale. Le virus muté ne serait pas évacué dans les excréments et ne pourrait pas être transmis directement aux autres chats. La PIF au sens strict n’est donc pas une maladie contagieuse.

Votre compagnon est particulièrement exposé au coronavirus intestinal s’il vit en collectivité avec d’autres congénères (chatterie, élevage) ou s’il fréquente de grands rassemblements de chats (expositions félines).

Nos meilleurs produits pour chats


Comment savoir si mon chat risque de déclencher une PIF ?


La science ne permet pas encore d’expliquer ce qui déclenche la mutation du virus intestinal en sa forme agressive, à l’origine de la PIF. Ce phénomène comporte une part d’aléatoire et peut concerner n’importe quel chat

Néanmoins, certains profils particulièrement à risque ont été identifiés :

  • Les chats de moins de 2 ans,
  • Les chats de plus de 13 ans,
  • Les chats de race et particulièrement de race Bengal,
  • Les mâles non stérilisés.

Un stress important favoriserait la mutation du virus. Il peut s’agir du changement d’environnement lors d’une adoption, d’une maladie, d’une gestation ou encore d’une anesthésie.


Quels sont les symptômes de la PIF ?


Une fois que le virus a muté, il se multiplie dans l’organisme du chat et provoque initialement des symptômes typiques d’une infection virale :

Par la suite, le système immunitaire s’emballe en réponse à l’infection virale. La PIF s’exprime alors sous deux formes distinctes, qui peuvent cohabiter ou se succéder : 

  • Une forme dite « humide » (50-80% des cas) caractérisée par l’accumulation de liquide dans la cavité abdominale ou dans le thorax, 
  • Une forme dite « sèche » dans laquelle le chat présente des lésions appelées « granulomes » qui concernent différents organes (foie, reins, ganglions, système nerveux).

En cas de forme humide, votre chat peut présenter un ventre gonflé et/ou des difficultés respiratoires.

En cas de forme sèche, les symptômes sont très variés : 

  • Une inflammation à l’intérieur des yeux (uvéite),
  • Des muqueuses jaunes en cas d’atteinte du foie (ictère),
  • Des tremblements, pertes d’équilibres, convulsions en cas d’atteinte du système nerveux.

Si vous êtes propriétaire d’un jeune chat, l’observation des symptômes cités ci-dessus doit impérativement vous conduire chez votre vétérinaire traitant.


Comment se diagnostique la PIF ?


Le diagnostic de la PIF est un défi de taille pour le vétérinaire car aucun examen ne permet de conclure avec une absolue certitude. 

Le praticien établit une forte suspicion sur la base du profil de votre compagnon, de sa provenance, des symptômes et de leur contexte d’apparition.

Votre vétérinaire pourra réaliser dans un premier temps des analyses sanguines, qui révèlent généralement :

  • Une hausse très importante du taux de protéines inflammatoires dans le sang,
  • Une augmentation des globules blancs,
  • Une anémie, 
  • Des signes de souffrance du foie dans certains cas.

Si votre chat respire mal, une radiographie du thorax est indiquée pour rechercher des granulomes pulmonaires ou la présence de liquide entre la paroi thoracique et les poumons. L’échographie est un examen incontournable qui permet de visualiser du liquide dans l’abdomen, des lésions du foie ou une augmentation de la taille des reins. Enfin, en cas d’atteinte nerveuse, un prélèvement de liquide cérébro-spinal peut s’avérer nécessaire. Ce liquide qui entoure le système nerveux présente très souvent des signes d’inflammation en cas de forme sèche de PIF.

Si un épanchement est mis en évidence, votre vétérinaire le ponctionnera pour l’analyser. Ce liquide est très souvent jaune vif et visqueux en cas de PIF.

La recherche directe du coronavirus est possible grâce à des techniques récentes de PCR qui permettent de distinguer la forme mutée de la forme intestinale du virus. Si le coronavirus est identifié sur du liquide d’épanchement, des biopsies ou du liquide cérébro-spinal, alors une PIF est plus que probable.


Peut-on traiter une péritonite infectieuse féline ?


La PIF est encore actuellement une maladie fatale dans presque 100% des cas. La survie, qui s’étend de quelques jours à quelques mois, est souvent plus courte en cas de forme humide qu’en cas de forme sèche.

Divers traitements antiviraux comme les interférons ont été préconisés par le passé, sans réelle preuve d’efficacité. 

Aujourd’hui, l’approche la plus fréquente est de supprimer la réponse immunitaire à l’origine des symptômes. Cela repose généralement sur la prescription de cortisone à dose élevée car les autres traitements immunosuppresseurs n’ont pas prouvé leur efficacité.

Cependant, de nombreuses recherches sont menées depuis plusieurs années. Certains traitements récents ont permis une amélioration rapide voire une disparition des symptômes sur plusieurs mois chez un grand nombre de chats. Ces molécules ne sont malheureusement ni disponibles, ni autorisées en France à l’heure actuelle, mais ces premiers résultats sont très prometteurs.


Quelles sont les mesures de prévention à mettre en place ?


Il n’existe pas de vaccin disponible en France pour protéger nos félins contre l’infection par le coronavirus intestinal ou le déclenchement de la PIF.

L’unique moyen de prévenir la péritonite infectieuse féline est de limiter le contact des chats avec le coronavirus intestinal. Cette prévention est particulièrement importante dans les collectivités de chats et repose sur :

  • Le bon respect de mesures d’hygiène de base (nombre de litières suffisant, retrait quotidien des déjections, désinfection régulière des sols, surfaces et gamelles),
  • La séparation des animaux porteurs du coronavirus intestinal des animaux sains pour limiter la contagion.

Vous avez plusieurs chats et vous souhaitez adopter un nouveau compagnon ? Votre vétérinaire traitant saura vous conseiller sur la marche à suivre pour prévenir la contamination de votre foyer. 

La PIF fait partie des quatre vices rédhibitoires chez le chat. Le délai de suspicion est de 21 jours après réception du chaton pour qu’une annulation de la vente soit envisageable. Une consultation est donc fortement conseillée rapidement après l’adoption d’un chaton pour le faire examiner par votre vétérinaire. 

Nos meilleurs produits pour chats